mercredi 29 novembre 2017

Le mari de mon frère - Gengoroh Tagame


// 4 tomes de 176 pages // Éditions Akata //
Alors qu'il mène une vie paisible d'homme au foyer et élève sa fille, Yaichi voit son quotidien chamboulé par l'arrivée de Mike, le mari de son frère. Il ne sait trop comment se comporter face à cet homme dont il ignore tout, hormis qu'il a partagé avec Ryoji les dernières années de sa vie. 
Quelle douceur, quelle tendresse, Le mari de mon frère est un véritable rayon de soleil dans le monde du manga. Yaichi est un homme bon, pourtant il réalise rapidement que malgré lui, son esprit est embourbé dans bon nombre de préjugés influencés par le regard des personnes qui l'entourent. Heureusement, l'innocence et la naïveté de Kana, sa fille, vont lui permettre de regarder sous un autre angle ces situations, ces questions, ces détails qui le dérangent ou le questionnent à propose de l'homosexualité de Mike et surtout, celle de son frère.
On pourrait craindre un ton "éducatif" voire "moralisateur" trop prononcé, mais pas du tout. Chaque thème est abordé avec tact et finesse, même si Kana a le chic pour mettre les pieds dans le plat quand il est question de confronter son père à des sujets délicats. Ses paroles nous font sourire, et pointent du doigt les évidences qui sont trop souvent étouffées par les débats politiques et religieux dont il ne devrait même pas être question quand on parle d'amour.


Aussi, Kana ne parle pas de Romeo et Juliette comme d'un homme et d'une femme au destin tragique mais comme de deux jeunes gens qui tombent amoureux et dont les sentiments ne sont pas acceptés par les gens qui les entourent. Cette histoire universelle est mise en parallèle avec la situation des personnes, homme ou femme, qui aiment des personnes de même sexe et dont les sentiments ne sont pas tolérés. Elle ne comprend pas que dans certains pays comme le Japon, deux personnes qui s'aiment ne puissent pas se marier.
La notion de choix, est aussi abordée, le choix d'annoncer ou non son homosexualité à son entourage. Cela est abordé sans jugement, toujours en respectant le vécu et les raisons de chacun.
A chaque fin de chapitre, Mike partage avec ses lecteurs un petit paragraphe consacré à la culture gay, définissant certains termes, y ajoutant quelques points historiques, intervenant de manière personnelle et générale. 

En somme, Le mari de mon frère est un merveilleux moment de lecture, beau et émouvant, durant lequel on s'attache à ces trois personnages qui forment une famille aussi drôle que chaleureuse. Un incontournable qui vous divertira tout en agitant votre esprit.

mercredi 22 novembre 2017

L'invention de Hugo Cabret - Brian Selznick



Hugo Cabret est orphelin. Son père vient de mourir dans l'incendie du musée où il était employé. Le garçon est alors recueilli par son oncle qui l'héberge dans les combles de la gare dont il est chargé de régler les horloges. Or, Hugo a une obsession : achever de réparer l'automate sur lequel son père travaillait. Il est en effet persuadé que cet automate a un important message à lui délivrer.


L'invention de Hugo Cabret est une histoire douce, paisible, poétique. Un bel objet dont les deux tiers des pages sont des illustrations de l'auteur, dont il se sert au même titre que les textes, pour conter le périple de Hugo dans sa quête de la vérité concernant le mystérieux automate de son père.
C'est touchant, divertissant et joliment mené. On pense à un conte pour enfant, se déroulant sur à peine quelques jours, avec bien peu de péripéties eu final mais un mystère à résoudre et deux enfants qui ne manquent pas d'audace et de courage.

Trouvez-le, offrez-le sans hésitation. Ce livre se lit vite, permet de s'évader, et de s'émerveiller au travers d'une courte aventure tendre et de fabuleux dessins.



lundi 20 novembre 2017

Libres! Manifeste pour s'affranchir des diktats sexuels - Ovidie & Diglee


Le projet Femini-Books : lancé en mars 2017 par Ninon de la chaîne Les carnets d'Opalyne, son but est de permettre aux blogueurs et youtubeurs intéressés de parler bouquin et féminisme. J'ai découverts ce projet mi octobre alors que la page cherchait des participants pour le mois de Novembre. J'ai de suite souhaité parler de Libres! que j'étais tout juste en train de lire. Comme il était déjà désigné j'ai pensé me pencher sur un autre sujet comme l'évolution de la femme dans les mangas shonen ou encore l'image de la femme dans les romances mais malheureusement le temps m'a manqué (c'est bien beau les projets nombreux encore faut-il parvenir à les mener à terme!) j'en suis donc restée à Libres! qui fut l'une de mes plus belles lectures de ces derniers mois mais espère bien concrétiser mes autres idées très prochainement!

Pour plus d'informations sur ce projet, n'hésitez pas à vous rendre sur la page Facebook ou encore le compte Tweeter qui partage très régulièrement des vidéos et articles très intéressants en lien avec cette thématique.

Hier, Fée moi lire vous présentait Elana et Ewilan de Pierre Bottero, demain ce sera au tour de Chaussons les binocles avec Moi, Malala de Malala Yousafzaï. Aujourd’hui je vous demande donc de faire place à Libres! manifeste pour s'affranchir des diktats sexuels écrit par Ovidie et illustré par Diglee.  


Féministes jusqu'au bout des ongles, Ovidie et Diglee on monté un projet : créer un anti-guide du sexe pour les femmes, qu'on leur foute enfin la paix !
Et bon sang, que ça fait du bien !
Libres! se veut bienveillant, hilarant, décomplexant. Rien ne vous interdit d'être heureuse de mener une vie plan-plan pleine de guimauve avec votre amoureux de longue date. Rien ne vous empêche de vous éclater à changer de conquête chaque soir, enchainer toutes les postures du Kamasutra et remplir les statistiques nationales du sexe. Du moment que VOUS le voulez, c'est okay.

Ce manifeste m'a permis de faire un point sur mes convictions, ce pour quoi je souhaitais me battre, hausser le ton, ce que je souhaitais défendre. Parce qu'à mon sens, le féminisme c'est un peu comme la religion : il y a un socle commun mais chacun le vit différemment, le pratique à sa manière, et se l'approprie en fonction de son vécu, de ce que l'on est et ce que l'on devient. Tous les féministes défendent une idée mais ne seront pas forcément d'accord sur tout. Ce qui m'a plu, dans les propos d'Ovidie, c'est cette notion de liberté de la femme, dans son corps, ses actes et sa pensée.

Ovidie ne juge pas, ne montre personne du doigt (sauf deux trois personnes dont les paroles étaient justes aberrantes et publiées dans les journaux).
On parle de sperme, du corps, des règles, de l'image de soi, de sexualité, de l'âge, des poils, de religion et culture.... tout autant de sujets qui font polémique tout en étant désespérément tus. 


"A poil ou en burqa, jamais le féminisme ne devrait être un prétexte pour s'en prendre aux autres femmes"

Pour moi, il s'agit de LA phrase qui résume l'état d'esprit du livre. Le féminisme est un combat pour l'égalité et la liberté des femmes, cela passe par le respect des femmes entre elles qui malheureusement ne se font pas toujours de cadeau. C'est pourtant en œuvrant ensemble que l'on avancera pour que les mentalités changent enfin. 

La prose d'Ovidie nous permet de réfléchir, nous questionner sans non plus nous prendre la tête. A-t-on déjà ressenti cette pression de la société? Comment se sent-on dans notre corps, dans notre tête? Finalement, est-ce qu'on en a quelque chose à faire des statistiques ou bien cela nous angoisse-t-il de ne pas appartenir à la norme? D'ailleurs, cette norme : réalité ou gros bluff?
Un texte qui donne le sourire, apporte un certain bien-être, nous offre quelques perches pour nous réconcilier avec ce corps malmené et sans cesse critiqué. 

 
Les planches de Diglee sont un pur bonheur! Drôle et touchante, elle traduit avec fraicheur un quotidien qui pourrait être le nôtre. Des corps de femmes, chacune belle à sa manière, longiligne ou voluptueuse, imberbe ou velue, complexée ou libérée... 

Ovidie et Diglee nous présentent un album qui sera la cadeau parfait : pour vous, les femmes que vous aimez et même les hommes auxquels vous tenez (ou ceux qui ont besoin d'un peu de plomb dans la tête). Libres! réconciliera même bien des femmes avec le féminisme trop souvent considéré comme une doctrine anti-mâles ou encore une nouvelle dictature obligeant les femmes à partir en guerre les seins nus. Non, le féminisme, c'est tout simple : l'idée qu'une femme fasse ce que bon lui semble de sa tête, de son corps et de sa vie.

dimanche 19 novembre 2017

American Horror Story - Saison 7 : Cult (2017)


Saison 7 - 2017
11 épisodes

Allyson Mayfair-Richards (Sarah Paulson) mène une vie paisible dans un quartier résidentiel avec son épouse Ivy (Allison Pill) et leur fils Oz. Elle était parvenue à surpasser ses phobies avec l'aide de son psychothérapeute mais celles-ci refont surface alors que Donald Trump est élu Président des États-Unis.
De son côté, Kai Anderson (Evan Peters), crée une secte de personnes qui aspirent à changer le système politique américain. Ainsi, c'est par la peur qu'ils vont inciter les citoyens de la ville à voter pour Kai afin qu'il soit élu au conseil municipal.


 Tout au long de la diffusion de Cult, mon opinion sur cette saison n'a cessé de changer, alternant d'une extrême à l'autre mais si l'on fait le bilan, c'est une grande satisfaction que d'avoir eu droit à pareille histoire, sans commune mesure avec la précédente qui avait pour moi été une effroyable déception.

Dans AHS Cult, on parle de peur. Comment elle nous gâche la vie, altère notre jugement, nous pousse à commettre le pire et détruit ce que l'on a de plus beau. Notre héroïne, Allyson, vit un véritable enfer lorsque ses pires angoisses ne cessent de la hanter, plus encore lorsque sa propre femme ne croit pas en ce qu'elle voit et qualifie ces apparitions de crises psychotiques, venant à faire douter Ally de tout ce qui l'entoure. 


Le personnage de Kai est tout simplement brillant. Fou et monstrueux, mais brillant.
En cela, Evan Peters dans son excellente interprétation du personnage porte une grande partie de l'histoire sur ses épaules, et le duo qu'il forme avec Sarah Paulson est tout simplement époustouflant.
C'est par la peur qu'il va parvenir à ses fins. Car la peur contrôle tout.
Ainsi, il va manipuler ceux qui l'entourent, créer la panique, promettre la protection à tous et obtenir ce qu'il recherche : le pouvoir. La frontière entre groupe politique et secte religieuse est franchie. Elle ne semblait pas si mince pourtant. C'est ainsi que Kai va passer de personnage public à véritable dieu vivant pour ses partisans dont la dévotion ne connaîtra plus aucune limite.

Ce qui est terrifiant dans Cult, c'est que tout semble excessif, lourdement exagéré, et pourtant on y décèle tant de choses parlantes, vraies, qui pourraient effectivement se produire. C'est au quotidien que l'on constate combien la peur, celle que l'on a vu grandir ces dernières années, a pu changer certaines mentalités. Une peur qui se transforme parfois en haine et en violence, car l'homme peut être capable de tout pour se protéger et protéger ce à quoi il tient, même du pire, si cela peut donner l'illusion que le mal, l'objet de cette peur est supprimé.
Ici, on bascule dans un choix violent qui consiste à tuer ou être tué. 


J'ai trouvée passionnante l'évolution d'Ally au cours de cette saison. Tout d'abord ouverte au monde, avenante, espérant un avenir meilleur... Puis terrifiée, brisée par une peur qui la ronge et lui fait commettre des folies avant de l'affronter, de vaincre cette peur et de partir en guerre contre celle qui l'a fait naître et devient elle-même source de terreur.

Cette saison souffre d'une certaine irrégularité, avec quelques creux comme ces épisodes flash-back qui certes peuvent être intéressants quant à l'Histoire des USA mais qui n'a pas non plus suffisamment d'intérêt pour qu'on lui consacre des épisodes entiers. De même que même si la violence est une tradition indiscutable dans AHS, l'accumulation de certaines scènes trash s'en est trouvée presque épuisante.

Toujours est-il que j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre cette saison qui nous fait réfléchir, nous questionner et nous confronter avec nos propres convictions, nous demandant quel choix aurait été le notre dans telle ou telle situation, mais aussi ouvrant quelques inquiétudes sur le possible avenir des grandes nations de notre planète. Et elles sont glaçantes.

jeudi 16 novembre 2017

Six of Crows, Tome 1 - Leigh Bardugo




Ketterdam : une ville grouillante de malfrats où tout s’achète si on y met le prix. Ce principe, personne ne l’a fait autant sien que Kaz Bekker, dit « Dirty Hands ». Quand le voleur se voit offrir une mission impossible mais qui le rendra riche, il réunit son équipe : un soldat assoiffé de vengeance, un tireur d’élite accro au jeu, un jeune fugueur des beaux quartiers, une espionne défiant les lois de la gravité, et une Grisha aux puissants pouvoirs magiques. Six dangereux hors-la-loi seuls capables de sauver le monde – s’ils ne s’entretuent pas avant...
Quelle année riche en découvertes! Après avoir longtemps attendu de trouver un livre qui, au même titre que Harry Potter, proposerait un univers luxuriant d'ingéniosité avec ses propres règles, j'ai eu le bonheur qu'en l'espace de quelques mois, ils s'offrent à moi au cœur des pages de La Passe-Miroir puis aujourd'hui de Six Of Crows.

Il n'est pas aisé de se fondre dans les rues sombres de Ketterdam. On se retrouve sans parachute, à la merci d'un monde dont nous ne connaissons rien, avec ses pays inconnus, ses religions, ses groupes d'individus au nom qui ne nous évoque rien... Le lecteur doit ainsi se démener seul et faire connaissance avec ces Grishas et autres Fjerdans dont il ne connait au départ ni l'Histoire ni les aspirations. Pas évident, mais rudement passionnant et même plaisant de mener l'enquête, noter dans un coin de sa tête les correspondances et liens qui se font peu à peu au fil du récit.

Six of Crows, pourquoi en parle-t-on autant?
Comme précisé ci-dessus, ce livre est une immersion absolue dans un univers totalement nouveau et complexe. Une pure découverte à chaque nouvelle page tournée.
Ensuite, on suit une bande de hors-la-loi, de malfrats, de gamins paumés mais sacrément doués dans une quête terriblement dangereuse qu'il leur est impossible d'esquiver. Nos héros ont tous dans les dix-sept, dix-huit ans et sont dotés de capacités particulières, chacune nécessaire à l'exécution de ce plan. Ils portent tous sur leurs épaules les vestiges d'un lourd passé aussi douloureux que tourmenté. 

Qu'ils soient animés par la vengeance, l'espoir d'un avenir meilleur, le besoin d'être pardonné ou un rêve d'aventure, nos héros vont devoir composer les uns avec les autres, mettre de côté leurs désaccords, apprendre à se connaître les uns les autres et surtout à se découvrir eux-même durant cette folle épopée. 

J'ai aimé chaque personnage que l'on découvre au travers des chapitres qui leur sont consacrés tout en restant parfaitement cohérents et intégrés au reste de l'histoire, mais il faut avouer que j'ai développé un attachement tout particulier pour Kaz. Cet être brisé, caché derrière un masque insensible, une armure infranchissable, au charisme dévorant, ce petit garçon dont les rêves ont été arrachés avec une cruelle injustice et ses sentiments envers une certaine personne, sur lesquels il est incapable de poser le moindre mot... il n'a cessé de me faire sourire et m'émouvoir. 

Six of Crows est une œuvre de fantasy dans laquelle s'enchainent combats spectaculaires, joutes verbales, humour détonnant, évasions risquées et scènes riches en émotion. C'est beau et fort, c'est déroutant et surprenant. Un de ces textes qui ne peuvent laisser de marbre, peuplés de personnages puissants et hauts en couleur! Sans compter une narration résolument moderne et abrupte clairsemée de poésie et de douceur, lorsque le récit s'y prête la plume suit. 
Sans conteste un incontournable du genre!

lundi 13 novembre 2017

Au revoir là-haut (2017) - Albert Dupontel


Au sortir de la Première Guerre Mondiale, deux anciens Poilus, Edouard Pericourt et Albert Maillard font face à l'incapacité de la société française de leur ménager une place. Edouard et Albert mettent au point une arnaque qui pourrait leur apporter gros, mais œuvrent aussi pour que justice soit faite et condamne le lieutenant Pradelle, à la fois criminel et escroc profitant lui aussi du patriotisme d'après-guerre. 

Premier coup de cœur : l'affiche. La poésie qui s'en dégage m'a immédiatement conquise... J'ai su que je voulais voir ce film. Je n'ai pas jeté un regard ni au synopsis et encore moins à la bande annonce. 
Et il m'a laissée sans voix.
J'ai vécu un moment exceptionnel. Du grand et beau cinéma. De ceux qui font honneur au cinéma français en lequel beaucoup ne croyaient plus. Un de ces films qui émerveillent, font rêver, s'évader et perdre pied. Une petite ambiance qui rappelle celle des films de Jean-Pierre Jeunet avec cet entre-deux-mondes, à la fois cruellement ancré dans la réalité et légèrement aérien, presque fantastique.




Que dire des acteurs qui offrent un visage à nos deux héros?
Albert Dupontel, si émouvant dans ce rôle paumé mais dévoué, peureux mais entêté, du mec maladroit au cœur d'or. Face à lui, la nouvelle perle du cinéma français : Nahuel Pérez Biscayart. J'avais été bouleversée par son rôle dans 120 battements par minutes. Qui aurait pu croire qui me ferait à nouveau faire le grand huit des émotions avec son interprétation d'un jeune artiste fantasque rejeté par un père aristocrate? Comment est-il parvenu à transmettre autant par son seul regard dont le reste du visage reste dissimulé sous de fabuleux masques?

En somme, l'histoire peut se révéler prévisible et ne présente rien qui ne sorte non plus de l'ordinaire. Pourtant, combinée au jeu exceptionnel de cette belle ribambelle d'acteurs, à la fabuleuse mise en scène menée par Albert Dupontel et cette musique enchanteresse qui sert un récit aussi fou que divertissant, on obtient un condensé de petites merveilles, de séquences qui vous éblouissent autant qu'elles vous troublent et de sentiments partagés entre joie et tristesse face à une conclusion terriblement douce.

Je ne vous conseille pas d'aller voir ce film car vous êtes seuls juges de vos souhaits, mais dans un cri du cœur, je vous invite à vivre une histoire incroyable et fabuleuse qui pourrait vous arracher quelques larmes dont vous ne saurez que penser...

dimanche 12 novembre 2017

Le Pacte d'Emma - Nine Gorman


 

Emma Reyes, 21 ans, est atteinte d'une maladie neurodégénérative. Elle sait dores et déjà que ses capacités motrices et intellectuelles vont se dégrader ainsi que sa mémoire, le tout agrémenté d'hallucinations auditives et visuelles, jusqu'à ce que son corps abandonne le combat. Rien de bien joyeux en somme.
Elle décide alors de quitter sa petite ville natale pour profiter de ses dernières années à New-York où elle vit avec son frère Jonathan et fréquente sa meilleure et seule amie, Rebecca. Elle prend une nouvelle grande décision en abandonnant son poste de téléopératrice à domicile pour intégrer la très célèbre Anderson Corporation, dirigée par le jeune, séduisant et mystérieux Andrew Anderson
Lorsqu'elle apprend qu'il est un vampire, Emma entrevoit un échappatoire à cette vie déjà condamnée. Devenir une immortelle, tirer un trait sur cette maladie qui la ronge... Mais quel prix est-elle prête à payer pour cela?


Ma petite histoire avec ce roman

Nine Gorman est tout d'abord connue pour sa chaîne booktube, une des plus suivies en France. Elle a commencé à poster Le Pacte Sanguinaire sur Wattpad qui a remporté un franc succès avant d'être repéré par Albin Michel qui l'a ainsi publié.
Beaucoup se montrent sceptiques quant à cet incroyable succès. La question qui se pose : est-il mérité ou seulement dû à la notoriété de son auteure? Je n'ai pas de réponse, non, mais je vais partager avec vous mon ressenti.

Je suis Booktube de loin, je ne suis pas très assidue, une vidéo par-ci par-là, j'en regarde parfois en entier parfois non, certainement parce que je suis passée à côté du phénomène et très vite il y en a eu bien trop à découvrir pour moi... J'ai commencé à suivre Nine via Twitter, parce que je la trouvait sympa et drôle. Et c'est ainsi, plutôt par hasard donc, que je me suis retrouvée sur son profil Wattpad, constatant avec une certaine curiosité qu'elle avait choisi Dane Dehaan pour représenter son personnage masculin principal (oui, je suis une grande fan de Dane, dont cela constitue un argument). Le synopsis comprenant pour la millième fois une jeune femme dans un nouveau lieu, un vampire, un homme de pouvoir, une histoire d'amour... Je me suis dit que je verrai bien si le courant passait ou non au bout de 2 ou 3 chapitres.
Et je n'ai pas pu m'arrêter.
J'ai donc dévoré avidement ces chapitres et attendu que les prochains sortent. J'ai appris avec émotion la sortie du roman en format papier. J'ai découverts avec émerveillement la couverture (même si je préfère celle avec Lily Collins hihihi) et j'ai patienté jusqu'à l'arrivé de mon exemplaire précommandé dans lequel je me suis immédiatement plongée.

Et sinon, ça vaut quoi concrètement?

Pourquoi un tel engouement? La plume de l'auteure est simple et fluide, elle touche au but sans fioritures. Le rythme est addictif car entrecoupé de scènes brèves interrompues par des éléments inattendus qui donnent sans cesse envie d'en apprendre plus.
Certains y verront une redite de thèmes maintes fois traités, mais on peu aussi apercevoir l'hommage d'une passionnée de lecture adressé à tous ces récits qui l'ont touchée, captivée, embarquée dans d'incroyables aventures.
Parmi elles on trouvera The Vampire Diaries (deux frères vampires que tout oppose amoureux de la même fille), 50 Nuances de Grey (le PDG jeune et séduisant qui cache un lourd passé) et pourquoi pas même Nos étoiles contraires (la maladie qui détruit et fait vivre à la fois)? Tant d'histoires d'amour aux contextes divers qui ont marqué des milliers de lecteurs. Et puis quelques clins d’œil, des citations qui nous font sourire, certains même totalement inattendues...

Je me suis attachée à Emma qui se sait condamnée mais veut se battre quoi qu'il en coûte pour vivre, et se retrouve finalement prise à son propre piège. Elle vit l'instant présent, se questionne constamment sur la véracité de ce qu'elle ressent, de ce qu'elle vit, si ce n'est pas l’œuvre de sa maladie. L'écriture est ainsi traitée pour qu'on vive ce que vit Emma, qui s'accroche à la moindre émotion, la moindre sensation puisqu'elle n'a plus rien à perdre et ne veut pas passer à côté de tout ce qui lui permet de se sentir vivante.
D'un autre côté, on a Andrew qui est coupé de tout. Insensible, froid, manipulateur et avide de pouvoir. Il est en proie à de lourds conflits avec lui-même. Et c'est un véritable supplice d'arriver à la fin de ce volume et en savoir si peu sur son passé! Pareil pour Matthew, ces deux-là ont un passé tourmenté, plein de non dits qui m'a fait faire des bonds.

J'ai aimé que les vampires ici ne soient pas du tout les mêmes que ceux d'Anne Rice. J'ai aimé le caractère de l'héroïne qui ne se laisse pas faire mais s'autorise aussi à se montrer vulnérable. J'ai aimé cette relation qui au départ semble uniquement nourrie par le désir et l'envie avant de glisser lentement, sans que l'on s'en rende compte, vers de tendres sentiments. J'ai aimé que Nathan soit Nathan. J'ai aimé avoir découverts les Black Veil Brides entre ma première et ma seconde lecture (merci Nine, again). J'ai aimé craquer pour Andrew comme pour Chuck Bass quand j'étais ado, à le détester et l'adorer à la fois.

Et puis, je ne vous apprends rien. Cette fin... CETTE FIN !


Bref. Vous avez le droit d'aimer ce livre ou de le détester, de vous jeter dessus ou de l'éviter. Un livre ne se résume pas à son contenu, il a une histoire, l'amour que vous lui porterez dépendra de la manière dont vous l'avez découvert, dont vous vous l'êtes approprié, les conditions dans lesquelles vous l'avez lu, ce qui est arrivé dans votre vie à ce moment là.
Pour ma part, ma rencontre avec l'histoire d'Emma et Andrew est pleine de beaux souvenirs, d'émotions folles et de rencontres insensées (merci les RS). Il me tarde de découvrir la suite, de l'attendre impatiemment, de sauter de joie à l'annonce de sa sortie et de partager encore avec cette folle communauté de passionnés.

mercredi 8 novembre 2017

Love Everlasting (2016) - Rob Diamond



Start : Bridger Jenkins et sa mère ont fuit leur passé, roulant vers la mer qu'il n'a jamais vue en vraie. Leur véhicule les lâche en cours de route et ils rencontrent Will, un homme honnête et généreux qui leur offre un toit et la possibilité de vivre le temps de reprendre la route. La fille de Will, Clover, est une jeune fille que la vie n'a pas épargné. Pourtant, elle s'ouvre à Bridget qui n'a rien à voir avec les autres garçons qu'elle a pu connaître avant...

Mon avis : J'ai aimé ce film autant que je lui en veux. Les thématiques abordées ici sont des plus intéressantes, surtout lorsqu'on les intègre de manière judicieuse à une belle histoire d'amour. Il est question de cicatrices, celles du corps et de l'âme. Bridger et Clover portent les deux. Nos deux héros meurtris vont surmonter les obstacles grâce à l'amour qu'ils vont mutuellement s'inspirer. Cela aurait pu donner un excellent film s'il n'avait pas été victime d'une réalisation un peu plate, fade et d'un scénario laissant cette triste impression "bâclée". Parce que tout n'est pas une question de durée, c'est certain, mais 1h26 pour un film censé se dérouler sur plusieurs mois et durant lesquels se développe une relation passant de la sympathie, à l'amitié, la tendresse et l'amour fou c'est un brin court. Donc oui, je suis déçue. Déçue parce que je m'attendais à une petite histoire d'amour sans prétention, sans prise de tête, durant laquelle je pourrais déguster tranquillement mes sandwichs. Finalement, j'ai été confrontée à une histoire bien plus profonde et intéressant qui finalement n'est pas pleinement exploitée et quel dommage! Bon, je vous épargne mon opinion sur cette fin. CETTE fin. Qui m'a tout simplement jetée au désespoir. 

Spoilers Quelques détails aussi qui m'ont légèrement agacée, à savoir l'actrice interprétant Clover qui fait tout un tas de grimaces en parlant pour montrer qu'elle est gênée. Oui, certains le font certainement dans la réalité, mais dans le film je n'ai parfois vu QUE ça. Ça et ses cicatrices pour lesquelles ont fait tout un plat alors qu'elles sont peu visibles. Certes, il est question de son vécu, de sa douleur etc. mais l'impact sur le physique est tellement mis en avant que ça donne une impression d'inachevé. Je ne pense pas qu'il ne s'agisse que de moi, les cicatrices sont souvent atténuées pour les personnages principaux dont le potentiel glamour est essentiel, je prends pour exemple au hasard ce cher Joffrey de Peyrac ou ce malheureux Fantôme de l'Opéra, tous les deux défigurés mais carrément séduisants au cinéma. Donc en effet, lorsqu'on nous décrit une cicatrice suite à un impact de coup de fusil je m'attendais à autre chose de plus parlant. 

Bilan des courses : encore un film avec beaucoup de potentiel qui m'a laissée sur ma faim, mais qui montre que les petite production n'ayant pas bénéficié d'une grosse promotion peuvent aussi valoir le coup, qu'on peut faire de chouettes découvertes dans le monde du direct to DVD, quoique maintenant il s'agit plutôt du direct to Netflix ou encore du téléchargement Amazon. N'hésitez pas à jeter un coup d’œil à ce film dont le rôle principal vaut quand même le détour, interprété par un jeune mannequin d'aujourd'hui 19 ans qui verra peut-être sa carrière ciné monter dans les années à venir.

samedi 4 novembre 2017

Stranger Things - Saison 2 (2017)


Saison 2 - 2017
9 épisodes

Back to Hawkins...
Un an a passé depuis l'attaque du Demongorgon et la disparition d'Onze (Eleven). Will Byers a des visions du monde à l'envers (Upside Down) ainsi que d'une créature terrifiante dont il semble qu'elle veuille atteindre notre monde.

... and the Upside Down.

Dans la première saison, les personnages cherchent chacun de leur côté un moyen de retrouver Will, prisonnier du monde à l'envers. Dans cette suite, ils essaient d'empêcher ce monde d'envahir le leur. On aurait pu ressentir une impression de déjà vu, avec ce même salon (et le reste de la maison!) envahis à nouveau mais de toute autre manière, pourtant la mayonnaise prend. Parfaitement.
C'est un réel délice que de suivre les aventures de cette bande de gosses qu'on a appris à connaître et auxquels on s'est attachés. D'ailleurs, on laisse de temps à autres Mike de côté pour en apprendre plus sur Dustin et Lucas. Dommage en revanche qu'on ne puisse jamais vraiment savoir QUI est Will, qui passe du garçon disparu au garçon possédé, mais cela se fera certainement par la suite.
C'est toujours un plaisir de voir Joyce, parfaitement campée par Winona Ryder, en mère attentionné, un brin paranoïaque et obsessionnelle qui se révèle ici plus réfléchit et courageuse, une vraie battante qui a décidé de faire la peau à tout ce qui pourrait entraver la paix de son foyer (non, sérieux elle est flippante mais en bien!).

Hopper est toujours attachant en homme meurtris par la perte de sa fille, surtout dans le lien qui se crée avec Onze qui m'a émue à plus d'un titre. En revanche je ne compte plus le nombre de baffes que j'ai voulu coller à Nancy! Certes, elle est malheureuse, se sent coupable et vit mal les récents évènements mais ça ne lui donne pas le droit de faire tourner en bourrique les deux gentils garçons qui se meurent d'amour pour elle et qu'elle semble vraiment prendre pour des truffes! Steve n'a d'ailleurs cessé de monter dans mon estime. Bien qu'il ne soit pas toujours très fin, il est honnête et brave, cela n'a pas de prix. Face à Jonathan qui reste mignon comme tout mais un peu effacé et passif, il finit par devenir plus intéressant à suivre dans cette aventure.


Ah, mais j'oubliais! Il y a des petits nouveaux...
Sans rien vous spoiler, j'ai eu un gros coup de cœur pour Sam Gam... euh Bob Newby! Sérieux, vous en avez vu souvent des types comme ça? Gentil, généreux, dévoué, courageux... Bref, un condensé d'amour. Et concernant Max, j'ai trouvé cool d'intégrer une fille à la bande, même si son arrivée n'est pas du goût de tout le monde ce qui, au passage, est assez crédible dans ce contexte-là. Et son frangin, inutile de préciser qu'il m'a fait mourir de rire durant une scène du dernier épisode après m'avoir hérissé les poils durant toute la saison, comme quoi on peut toujours être surpris. 

J'aime toujours autant, voire plus, le personnage de Onze. L'amour qu'elle porte aux personnes qui lui sont chers ne cesse de m'émouvoir. Elle doit vaincre ses propres démons, et c'est cet amour qui lui donne le courage d'affronter tous les dangers quoi qu'il arrive. Elle va vivre différents évènements, différentes rencontres, qui de prime abord peuvent sembler inutiles ou ne pas faire avancer la série et pourtant ils vont l'aider à grandir et comprendre ce qui l'importe réellement, ce qui lui est essentiel.

Chaque épisode ne cesse d'enchainer les références au cinéma des années 80 et c'est toujours un plaisir que de les desceller une à une, des plus frappantes aux plus discrètes, de E.T. à Les maîtres de l'univers et passant par Rencontre du troisième type ou encore Retour vers le future et les Gremlins.

En clair, la saison 2 de Stranger Things tient ses promesse avec une qualité toujours irréprochable, des personnages attachants et hauts en couleur qui évoluent dans un monde des plus menaçants dont on en apprend un peu plus à chaque épisode (même si, avouons-le, tout cela reste bien obscur...). On passe encore par toute une palette d'émotions dont on a du mal à se remettre tant on a l'impression de vivre cette histoire à laquelle on assiste. C'est doux, drôle, triste voire déchirant, et toujours captivant.
L'attente de la saison 3 va sembler longue et pénible mais il est certain que le public sera prêt, quoi qu'il advienne!