vendredi 18 août 2017

Penelope (2008) - Mark Palansky


Jeudi, journée entre copines. Visionnage pour la dix-millième fois de Penelope, l'un des plus beaux films de la création, mais aussi l'un des moins connus. Chacun mène des actions à son échelle, je vous partage donc aujourd'hui tout l'amour que je lui porte.

~ L'histoire ~
 
Une malédiction lancée il y a des siècles condamnait la première héritière de la famille Wilhern à arborer un nez de cochon jusqu'à ce qu'elle parvienne à se faire aimer d'une personne de son rang. Après des générations de garçons, une petite fille voit le jour : Penelope. Dès lors qu'elle a dix-huit ans, sa mère organise à la chaîne des rencontres avec les prétendants recrutés par une agence matrimoniale avec l'espoir que l'un d'eux acceptera d'épouser sa fille et ainsi rompre le charme.

Une introduction qui sonne comme les premières lignes d'un conte de fées. Pourtant, Penelope casse les codes en usant d'un standard pour aborder un véritable problème de société ayant trait à l'intolérance que l'on porte à la différence, ce qui n'est pas "normal" et en devient inacceptable.

Dans ce film, tout est poussé à l'extrême. Le hommes qui rencontrent Penelope s'enfuient à toute jambe comme s'ils se trouvaient face à une monstruosité. Le contraste entre la beauté de Christina Ricci et son nez de cochon qui, en toute objectivité, n'a rien de très impressionnant rend ces réactions d'autant plus risibles. Vous y pensez, au scandale que peuvent occasionner dans la presse people le moindre bourrelet, une chirurgie ratée, quelques rides non dissimulées? Voilà, on y est.  
Puis, lorsqu'elle n'est plus un sujet d'horreur, elle devient la coqueluche de la presse, un objet de curiosité, titre qui en devient des plus envahissants. 

~ Les personnages ~

 
Penelope grandit à l'écart du monde. Sa mère la fait passer pour morte afin de dissimuler son visage qu'elle considère tant comme une difformité que la marque honteuse du passé familial. Dans cet univers cloisonné, Penelope vit et s'épanouit par ses propres moyens, rêvant de découvrir ce qu'il y a au-delà de la grille du jardin. Elle crée, invente, apprend et devient une jeune femme accomplie, drôle et dotée d'une imagination débordante. Et, plus que tout, on comprend que ce n'est pas tant son nez qu'elle déteste que le regard que les autres posent dessus. Un beau message sur le véritable sens à donner aux complexes que l'on peut développer car finalement, quand on n'aime pas son corps ou son caractère, c'est souvent qu'on le compare à celui des autres ou qu'on nous l'a reproché à un moment donné. Et ainsi, cette différence, cette spécificité qui nous fait nous, peut devenir gênante, honteuse, douloureuse et même intolérable.


Max, connu pour être un noble fauché, est désigné pour infiltrer la maison des Wilhern et ainsi prendre à son insu Penelope en photo afin de révéler au monde la supercherie de son incinération des années plus tôt ainsi que l'existence d'un si effroyable visage. Mis à part le fait que Max est interprété par James McAvoy le Superbe et que son sourire ravageur nous fait tomber comme des mouche à chaque visionnage, ce personnage constitue l'élément déclencheur qui va inciter Penelope à rompre avec cette vie qu'elle n'a pas choisie. Le seul à connaître notre héroïne pour ce qu'elle est vraiment avant d'être confronté au secret qui a fait fuir tous les autres.

On ne développera pas les autres rôles afin de ne pas tout révéler. Mais c'est un régal que de rencontrer une mère bien intentionnée mais complètement hystérique et à côté de la plaque. Un père qui a tout compris mais qui porte sur ses épaules la culpabilité de toute la famille. Un escroc blessé dans son orgueil qui fera fausse route avant de retrouver le bon chemin. Un héritier odieux et répugnant dont le comportement n'est que le reflet flagrant d"un manque d'amour. Une rockeuse sympa qui détonne, se fout de tout et montre à l'héroïne que l'amitié ne nécessite pas d'être parfait. 

~ L'esthétique ~

Dans un film où l'on parle de beauté, il faut que le film soit beau. Logique.
Tout semble travaillé dans le moindre détail. Il est intéressant de voir combien la garde-robe de Penelope a été minutieusement constituée. C'est finalement la jeune fille cloîtrée chez elle qui fait preuve de la plus grande originalité dans le choix de ses tenues vestimentaires. Le manteau violet au biais rouge associé à une paire de collants verts, de belles chaussures rouge le tout agrémenté d'une écharpe géante aux couleurs et motifs incroyables... on en rêve! Pourquoi? Parce que Penelope n'est pas entravée par toutes ces règles superflues érigées par la mode, les conventions et la bienséance. Tout ce qu'elle sait, c'est que son nez n'est pas tolérable. Il ne s'agit pas de son problème, mais de celui de sa mère, de ses prétendants et du monde entier. Alors, l'idée que les vêtements puissent poser le moindre soucis lui passe bien au dessus.

Penelope est un film empreint d'une poésie bien particulière. Il a un air de conte burtonien (si, ça existe) avec cette ambiance tout droit sortie d'un autre monde. Un "film bonbon" comme dirait Florianne dont on se délecte à chaque mouvement de caméra et qui fait tellement de bien.   
La bande-son est, elle aussi, un régal avec une succession de titres pétillants qui vous redonnent la pêche en quelques notes.

Si vous voulez écouter les morceaux, je vous les laisse en dessous, c'est cadeau.



~ Et ils vécurent heureux ~

Comment me montrer objective quand je ressens autant d'amour pour un film? L'un des premiers que j'ai vu avec James McAvoy (après Becoming Jane et Atonement). J'ai attendu des mois avant de pouvoir le voir. Puis des mois encore avant la sortie en DVD. Et toujours le même plaisir d'en discuter avec les rares personnes qui le connaissent. Un petit bijou, sans prise de tête et avec tellement de beaux sentiments.
Ce film ne se targue pas seulement d'être parfait de bout en bout (toujours en totale objectivité), il nous offre aussi un dénouement dingue avec une scène juste wouahou qui ravira les plus romantico-romantiques d'entre nous. Parce que, oui, Penelope est une histoire d'amour. Aimer les autres pour ce qu'ils sont réellement et s'aimer tel que l'on est. C'est déjà pas mal comme message à faire passer et garder en soit et une piqure de rappel ne fait pas de mal de temps en temps.

// En espérant que vous aurez apprécié cet article ultra constructif qui analyse en profondeur le film avec une qualité pareille à celle des grands critiques de ce monde. Ah-ah-ah //

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